• 7 responsables du recrutement sur 10 ont davantage de difficultés à trouver les bons talents qu’il y 5 ans.
  • 48 % des employés belges envisagent de changer de travail dans l’année à venir.
  • 57 % de tous les collaborateurs indiquent qu’ils accepteraient un salaire moins élevé en échange de plus de flexibilité dans leur horaire de travail.

La quatrième révolution industrielle exige des entreprises qu’elles soient plus flexibles que jamais. Le cloud, l’Internet des Objets, le Big Data et l’intelligence artificielle sont les moteurs des grands bouleversements à venir. Les modèles commerciaux traditionnels sont sous pression et les entreprises doivent constamment se réinventer. Dans un tel contexte, il est crucial d’attirer et de conserver les bonnes personnes dans l’entreprise. Il s’agit d’un vrai défi si l’on en croit le nouveau « Guide des Salaires 2019 » de Robert Half. En effet, l’offre ne correspond pas suffisamment à la demande des employeurs. 

Notre pays ne fait pas partie des bons élèves lorsqu’il s’agit de pourvoir les emplois vacants. Le marché de l’emploi est en pleine mutation et le recrutement de personnes qualifiées s’apparente aujourd’hui à un véritable défi. Pas moins de 7 managers en charge du recrutement sur 10 indiquent ainsi avoir plus de difficultés à trouver les candidats adéquats qu’il y a 5 ans. 

C’est un écart des connaissances qui apparaît clairement : l’offre des chercheurs d’emploi ne correspond pas suffisamment à la demande des employeurs. Selon le ‘Future of Jobs Report’ du Forum économique mondial, cet écart est au moins partiellement dû au fait que les principales compétences qui seront demandées à l’horizon 2020 varieront fortement par rapport à 5 ans auparavant. En 2015, les employeurs recherchaient d’abord une aptitude à la résolution de problèmes complexes et à la coordination des autres, de même que des compétences en people management. Pour 2020, leur demande évoluera vers une disposition à faire preuve d’esprit critique et de créativité, teintée d’une bonne dose d’intelligence émotionnelle. Seule la capacité à résoudre des problèmes complexes demeure au premier rang des compétences souhaitées.

Cette non-adéquation de l’offre et de la demande ressort également des chiffres d’Eurostat : en Belgique, 3,5 emplois sur 100 ne sont pas pourvus. C’est le taux de vacance d’emploi le plus élevé de la zone euro, bien au-dessus de la moyenne de 2,2. Ce taux croît encore par rapport à l’année dernière. Il était alors de 2,9. Dans le secteur des services, ce sont même 5,1 emplois sur 100 qui ne sont pas pourvus.

« C’est un cocktail de conjoncture économique élevée et de vieillissement accéléré de la population qui est la cause majeure du phénomène », explique Joël Poilvache, Directeur chez Robert Half. « D’un côté, l’économie belge est en croissance rapide et les entreprise sont donc à la recherche de nouveaux talents. De l’autre, l’offre des chercheurs d’emploi ne satisfait pas, ou pas suffisamment, la demande des employeurs. De plus, entre aujourd’hui et 2026, les babyboomers, soit environ 700.000 personnes, quitteront le marché du travail. Pour 10 personnes qui quittent ce marché, seules 8 le rejoindront potentiellement : la pénurie va donc encore s’amplifier. »

Conserver les talents dans un marché de l’emploi mobile

La pénurie sur le marché du travail augmente également la mobilité de la main-d’œuvre. C’est ce qui ressort du « Guides des salaires 2019 » de Robert Half : pas moins de 48 % des employés belges avouent qu’ils chercheront un nouvel emploi dans l’année à venir. Un salaire trop bas est présenté comme la principale motivation (48 %), suivie par un déséquilibre entre vie privée et vie professionnelle (14,5 %), de mauvaises relations avec son manager (8 %) et de trop faibles possibilités d’évolution (7,8 %). Si le salaire reste encore un élément décisif pour bon nombre de travailleurs, d’autres conditions de travail gagnent en importance. Pas moins de 57 % des collaborateurs accepteraient ainsi un salaire inférieur en échange d’heures de travail plus flexibles par exemple.

Comme le sait bien Joël Poilvache, l’importance d’une bonne stratégie de rétention ne doit pas être sous-estimée : « Les entreprises qui mettent en œuvre une stratégie claire de rétention et de gestion des talents en sortiront gagnantes. La façon d’approcher chaque employé doit être la plus individualisée possible. Une stratégie de rétention sur mesure apportera le bonheur au travail. On peut ainsi proposer un horaire de travail flexible, avec des possibilités de télétravail, ou des packages salariaux personnalisés. En effet, ce qui peut être attractif pour un collaborateur ne le sera peut-être pas pour son collègue. »

Apprendre toute sa vie

 Dans un marché du travail qui change, la priorité va plus que jamais à l’apprentissage permanent, tout au long de la vie. Il faut continuellement évoluer. La transformation numérique influence de nombreux domaines d’activités et crée un besoin d’aptitudes nouvelles ou complémentaires. Pour se préparer, 3 entreprises belges sur 10 réalisent régulièrement un audit afin de s’assurer qu’elles disposent bien des compétences nécessaires à l’efficacité de leur action. 

Pour combler un éventuel manque de compétences, 55 % des entreprises cherchent d’abord au sein de leur organisation. Lorsque c’est possible, elles opèrent donc quelques glissements entre départements pour permettre à la bonne personne d’occuper le bon poste. 48 % des entreprises indiquent également procéder à l’engagement de nouveaux collaborateurs et 39 % prévoient des formations pour mettre à niveau les connaissances des collaborateurs existants.

« La formation par alternance ou sur le terrain devient cruciale pour garantir la compétitivité de l’employeur comme de l’employé. Les chercheurs d’emploi doivent être accompagnés pour améliorer leurs compétences et faire correspondre celles-ci aux attentes des employeurs. Les entreprises doivent également investir dans leurs collaborateurs au travers de la formation continue. Elles sont plus que jamais à la recherche de personnes qui veulent prendre le train de la digitalisation, qui sont ouvertes au changement, qui peuvent rapidement s’adapter et, surtout, qui sont enthousiastes à l’idée d’apprendre toute leur vie », conclut Joël Poilvache