Voilà plus d’un an que le ministre belge de l’Emploi Kris Peeters a lancé les discussions sur le « travail faisable » (ou « travail sur mesure », appelé « werkbaar werk » en Flandre). Fin octobre, son projet de loi sur le sujet a été adopté par le gouvernement fédéral. L’objectif du « travail faisable » est de réinventer et de moderniser l’organisation du travail dans notre pays. Il apparait que les entreprises belges s’attendent surtout à ce que les nouvelles mesures entrainent une plus grande flexibilité. C’est ce que révèle une enquête indépendante menée à la demande du bureau de recrutement spécialisé Robert Half auprès de 200 responsables RH belges.

La société et l’économie évoluent. Avec elles, le travail change aussi. Pour le gouvernement belge et Kris Peeters, ministre de l’Emploi (CD&V), la Belgique doit remettre l’organisation du travail au goût du jour. C’est pourquoi le gouvernement a récemment adopté le projet de loi sur le « travail faisable », composé d’une dizaine de mesures. Sont notamment concernés l’aménagement du temps de travail, la lutte contre le stress et le burn-out ou encore le compte carrière et l’épargne carrière. Un peu plus d’un an après les premiers débats sur le sujet, les impacts principaux devraient surtout se faire sentir en termes d’horaires de travail, de congés et de travail à domicile

 Selon les responsables RH belges, deux mesures principales sortent du lot. Pour 57% des sondés, l’impact le plus important viendra de la semaine de travail flexible. Le travail ne serait alors plus comptabilisé de manière hebdomadaire mais annuelle. Cela permettrait d’augmenter le nombre d’heures par semaine ou par jour pour faire face à certains pics d’activité et donner plus de congés à un autre moment. Suit de près (54%) la possibilité de laisser les travailleurs « économiser » leurs jours de repos ou de vacances pour les utiliser jusqu’à 6 ans plus tard. Le podium est complété par une mesure dont on parle de plus en plus et déjà appliquée dans certaines entreprises : permettre aux employés de travailler depuis leur domicile (38%). Cela pourrait garantir aux travailleurs le droit de faire du télétravail en cas de circonstance particulière (par exemple, une visite médicale).

 Frédérique Bruggeman, Managing Director de Robert Half Belux, commente ces résultats : « Il apparait clair que l’impact le plus important du « travail faisable » s’observera en termes de temps de travail. Dans les années à venir, on devrait se diriger vers une organisation plus flexible du temps de travail sur base des besoins de l’entreprise mais aussi des travailleurs. Pour éviter toute tension interne ou perte de productivité, il sera crucial que toutes les parties concernées soient claires et transparentes dans leurs attentes et devoirs. »

La question suivante a été posée à 200 responsables RH belges : « À votre avis, parmi les propositions formulées dans le cadre de l’initiative gouvernementale « Travail faisable », quelles sont les trois mesures qui auront le plus d’impact ? » 

MesuresTotaal
Semaines de travail flexibles : augmentation du nombre d’heures prestées par semaine/jour lors des pics d’activité et récupération ultérieure des heures supplémentaires57%
Possibilité d’épargner les jours fériés et les jours de congé en vue d’en profiter plus tard54%
Télétravail/travail à domicile38%
Simplification des régimes de congé (congé parental, congé de naissance…)33%
Instauration des heures supplémentaires volontaires pour les employés souhaitant augmenter leurs revenus ou mieux gérer leur charge de travail32%
Horaires de travail flexibles : contrats de travail sans régime de travail spécifique 24%
Contrats de travail temporaire de durée indéterminée afin d’offrir une meilleure sécurité financière aux travailleurs intérimaires22%

Source : enquête indépendante effectuée à la demande de Robert Half auprès de 200 responsables RH belges – trois choix par répondant.

Frédérique Bruggeman analyse : « Selon le secteur, la taille de l’entreprise ou encore la région, les besoins et résultats des mesures seront différents. Il est donc nécessaire que la nouvelle organisation du travail qui sera mise en place offre une flexibilité aux entreprises afin qu’elles puissent les appliquer de la manière la plus efficace possible pour elles. »

 

​Remarque : Il est à noter que les 200 responsables RH belges ont été interrogés en avril et mai 2016. Le projet de loi de Kris Peeters n’avait alors pas encore été publié. C’est désormais chose faite et le Groupe des 10 va maintenant à son tour se pencher sur le texte. En plus des 7 mesures reprises dans les résultats de l’enquête, le Ministre de l’Emploi en a également récemment ajouté deux supplémentaires : un objectif interprofessionnel de 5 jours de formation en moyenne par équivalent temps plein par an ainsi qu’une réforme du régime du groupement d’employeurs permettant aux petites entreprises de recruter conjointement un travailleur.