L’annonce de la fermeture de Caterpillar à Gosselies porte un coup dur à la région. Mais le pays noir peut (re)voir la vie en rose. Pour y arriver, il a beaucoup à apprendre d’autres restructurations et a surtout besoin d’une nouvelle vision ambitieuse pour son économie et ses travailleurs. À contre-courant des nombreuses réactions pessimistes, Joël Poilvache, directeur de la société de recrutement spécialisé Robert Half, se penche sur les opportunités économiques pour la région de Charleroi.

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Caterpillar Gosselies, un Ford Genk bis ?

Si, comme indiqué par la direction de Caterpillar, l’usine devait fermer ses portes en avril 2017, il ne faut pas perdre de temps et d’ores et déjà évaluer les futurs scénarios possibles. Une des manières de le faire est de tirer des enseignements de restructurations similaires comme celle de Ford Genk par exemple. Moins de deux ans après la fermeture de l’usine limbourgeoise, près de 2.500 emplois devraient prochainement être créés sur le site. Comment ? Un masterplan a été mis sur pied grâce à une coopération étroite entre la Région flamande, la ville et d’autres acteurs clés. La zone industrielle va ainsi être transformée en un nouveau parc d’entreprises dont les activités sont complémentaires avec celles d’autres sociétés de la région.

La même chose est possible dans le Hainaut. Mais cela exige de fédérer rapidement les différents intérêts autour de la table pour déjà réfléchir à la solution la plus adaptée, que ce soit la reprise du site par une autre entreprise, un changement complet des activités ou encore un autre scénario de redéveloppement économique.

Soutenir pour mieux rebondir

On sait déjà que beaucoup de travailleurs seront bientôt à la recherche d’un nouvel emploi. Il est donc primordial de les soutenir afin de les aider à s’adapter à un marché du travail en constante évolution, de plus en plus compétitif, pointu et diversifié. Ce soutien passe notamment par un bon accompagnement des travailleurs dès aujourd’hui, par des formations complémentaires gratuites ou subsidiées (comme ce fut le cas pour Ford Genk) et par des incitants à une plus grande mobilité professionnelle.

Pour assurer la meilleure transition possible pour les travailleurs, et au vu du nombre de nouvelles personnes qui se trouveront bientôt à nouveau sur le marché du travail, il faut se serrer les coudes : travailleurs, syndicats, employeurs, universités et écoles, politiques, services d’emploi et de formation, etc.

Croire en l’avenir du Hainaut et de la Wallonie

Avec sa population importante, la présence de fleurons économiques, son excellente situation géographique et ses bonnes connections routières, aériennes et fluviales, le moment est venu d’aider la province de Hainaut à se réinventer en pensant différemment. Tout comme le Brabant wallon, qui est devenu un hub spécialisé dans les domaines des sciences de la santé et de la technologie (citons le nouveau China-Belgium Technology Center), il est important de se pencher sur les secteurs qui rendent le Hainaut particulièrement attractif. Une piste serait d’investir encore plus dans le secteur aéronautique déjà bien représenté par l’aéroport de Charleroi affichant une croissance constante ainsi que par différentes sociétés spécialisées de haute technologie. C’est notamment en se positionnant davantage comme la région experte dans ce domaine que le Hainaut pourra attirer de nouvelles activités porteuses. Miser d’avantage sur le Biopark de Gosselies qui rassemble une vingtaine d’entreprises scientifiques est également une piste. Les opportunités ne manquent pas.

La relance du Hainaut passe aussi par un soutien à l’ensemble des entreprises hennuyères, quelle que soit leur taille, afin d’assurer une économie où multinationales et PME se côtoient et se renforcent mutuellement. Les PME représentent d’ailleurs près de 90% des entreprises des pôles de compétitivité wallons. Il faut également s’assurer de la bonne complémentarité des activités présentes dans la province. Alors que l’industrie manufacturière perd de l’importance, le commerce, le transport et l’horeca se renforcent et doivent être pris en compte. Finalement, il faut continuer à investir dans l’éducation, la formation permanente et l’entrepreneuriat. Les travailleurs belges sont reconnus pour leur haut niveau de qualification, comme nous le voyons tous les jours pour les fonctions pour lesquelles nous recrutons (finance, comptabilité, administration, IT, juridique…), mais c’est en se formant constamment que les employés et les organisations dans lesquelles ils travaillent resteront compétitifs.

La Belgique, la Wallonie et le Hainaut sont des viviers de talents. Ne faisons pas l’erreur de passer à côté de cette opportunité de se réinventer suite à la décision de Caterpillar. N’oublions pas non plus que l’économie wallonne est dans une spirale positive : la demande d’emploi recule depuis 2 ans, le chômage temporaire régresse et l’activité intérimaire croît constamment. C’est en tirant les leçons du passé, en investissant dans les travailleurs et en soutenant l’économie du Hainaut que le pays noir arrivera à percer la grisaille ambiante.